Bardage
Sylvain Baumann

Tandis qu’il met en œuvre une expérimentation physique de nos espaces architecturaux, Sylvain Baumann mène une investigation portant sur la domestication de l’homme par son architecture. Chez l’artiste, le volume habité agit comme une contrainte et interroge la nature de son hôte. L’art de Sylvain Baumann tend à décentrer le regard de l’œuvre, pour le conduire vers les « à côté » de l’espace construit, vers l’invisible qui sous-tend toute structure architecturale. L’investissement du spectateur est à comprendre, en ce sens, comme une manière de compléter mentalement le visible par le détour d’une projection mentale. Les installations de Sylvain Baumann ne contiennent pas leur fin en elles-mêmes, ni ne tendent à l’autonomie. Bien davantage, elles orientent le regard vers ce qui détermine et conditionne un espace donné. Sylvain Baumann souligne une adéquation problématique de l’homme avec son environnement, son monde, son territoire. Tantôt rassurantes, tantôt habitées d’une inquiétante étrangeté, ses structures architecturales portent en elles leur déploiement virtuel dans l’espace mental du spectateur. À une atmosphère froide et inquiétante s’ajoute le sentiment d’une altérité ultime des formes. Il révèle une opposition dialectique entre une utopie architecturale et sa réalité aliénante. Il tend à souligner la manière dont notre perception du monde est déterminée par notre environnement architectural. Ce faisant, il interroge les limites imperceptibles entre nature et culture. La démarche de Sylvain Baumann se définit par une position de retrait face à l’objet. Ainsi, l’œuvre n’affirme sa présence que pour mieux orienter le regard vers un ailleurs indéfinissable. Ses investigations architecturales prennent forme selon une appréhension spécifique du lieu dans lequel elles s’inscrivent. Si l’artiste se réfère à la rigueur des minimalistes américains, c’est à la faveur d’une implication théâtrale du spectateur dans ses installations.

Laure Jaumouillé

1/Michael Fried, Art and Objecthood, Art Forum 5, juin 1967, p.12-23

Exposition du 7 au 29 septembre 2012
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