Glad to Take Height and See the Slow Motion World

Exposition collective

12.09

> 23.10.21

La galerie Jeune Création accueille l’exposition Glad to take height and see the slow motion world pensée par Mathilda Portoghese et qui présente les oeuvres de Nadjib Ben Ali, Aïda Bruyère, Jérémie Danon, Rayane Mcirdi, Chalisée Naamani.

« Glad to take height and see the slow motion world ». Ces paroles que j’emprunte, à deux mots près, au poète et musicien Gil Scott-Heron, je les détourne à mon usage pour qu’elles portent dans leur intensité poétique, tout le double sens qu’induit l’expression « prendre de la hauteur ». Au littéral, monter quelques marches et pouvoir apprécier par en haut le monde qui nous entoure ; au figuré, la formule s’emploie lorsque le besoin de prendre du recul sur une situation afin d’en saisir toute la mesure s’en fait sentir. Faire une pause donc, et changer de perspective, passer de l’horizontal au vertical, pour mieux constater ce qu’il se passe.

Les cinq témoins dont je m’entoure pour cette exposition ont en commun la capacité d’appréhender très directement la société dans laquelle ils se situent, en faisant de ce qu’elle consomme le plus, leur médium de création. L’idée de cette exposition c’est d’abord de s’intéresser à des œuvres qui dans leur vocabulaire de création, dans leurs matériaux, puisent dans les cultures mainstream qui font la culture populaire. Les artistes sélectionnés concilient et conjuguent pratiques artistiques contemporaines, inscription dans une histoire de l’art et références aux médias de divertissement consommés en masse (foot, rap, Instagram, jeux vidéos, films d’action, télé-réalité, etc.).

Nous, de notre place d’artistes et commissaire, souhaitons nous ancrer dans une réalité toute proche, post internet et ultra contemporaine au monde. Ces références qui irriguent notre société sont ici déplacées pour créer de nouvelles formes, et par effet de renversement, valorisent et soulignent les propriétés plastiques et poétiques d’une culture déconsidérée, car répandue. Trop souvent abusés par le remâchage capitaliste, il nous faut reconnaître ces gestes essentiels comme pratiques artistiques à part entière. C’est en tant que telles que nous souhaitons les recontextualiser dans l’exposition, en notre qualité de témoins, d’acteurs et d’observateurs de cette culture dite populaire qui reste la seule vraie narratrice de notre époque et société.

– Mathilda Portoghese

Galerie Jeune Création
43 rue de la commune de Paris
93230 Romainville

Vernissage le 12 septembre de 14h à 19h
Ouverture du mar.au ven. de 11h à 19h
le sam. de 14h à 18h

Projection de la série « Les princes de la ville »
de Rayane Mcirdi
le sam. 16 oct. à 18h

 

« Les princes de la ville » est une série de cinq films documentaires tirés d’histoires récoltées auprès d’habitants des villes d’Asnières-sur-Seine et de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine.
Du « Toit » à « Asnières-Gennevilliers » en passant par « Love Will Come Later », « Legba » et « One Two Three », ces court-métrages sont les transcriptions filmiques d’histoires personnelles et anecdotiques confiées à l’artiste sous la forme de confidences par ses proches – amis, cousins, voisins. Elles sont la matière d’une collecte, au sens ethnographique du terme, qui, mises bout à bout, forment une collection, venue dresser les contours d’une communauté faite d’héritages, d’histoires et de cultures parfois éloignés mais constitutifs d’identités singulières.
Aux dimensions politique et sociologique de cette collection s’en mêlent des cinématographique et poétique ; entre authenticité du récit et héroïsation des protagonistes qui cherchent à donner un rythme presque cinématographique à leurs aventures, c’est la manière dont peuvent s’écrire les récits qui est enfin interrogée ici. Au cœur de la langue-même dans laquelle sont exprimées les histoires se révèlent, en creux, leurs composantes implicites : en elles se mêlent des touches de français, d’arabe, de mina, d’argot des trois et de derija, et élèvent au rang de poésie cette « langue de la banlieue » partout ailleurs stigmatisée.
– Horya Makhlouf

Détail du programme de projection :

Asnières-Genevilliers, 2019, vidéo 5’52 »
Love will come later, 2018, vidéo 6’08 »
Legba (les gardiens), 2019, vidéo 1’48 »
One two tree, 2019, vidéo 8’36 »
Le toit, 2018, vidéo 6’41”

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