Sound System(s) – Yoann Ximenes
06.06
> 02.07.23
En quelle mesure l’univers sonore façonne le monde physique et influence notre appréhension de la réalité ?
Il est un fait indéniable aujourd’hui : nous vivons sur une planète vibrante, dans un univers en vibrations. La Science ne cesse fournir des preuves, de ce que Hans Jenny[1] explicitait dans les années 60 : « À chaque fois que nous observons la Nature, animée ou inanimée, de nombreux éléments attestent des systèmes périodiques »[2]. Depuis la plus petite échelle jusqu’à la plus grande, les choses de l’univers existent par périodicités, pulsations, oscillations et vibrations. Ça sonne dans tous les coins. Le son est une énergie invisible et immatérielle qui n’existe que s’il y a un corps pour le diffuser. Il est la conséquence d’un mouvement de matière qui le révèle et l’incarne ; sans elle aucune périodicité, pulsation, oscillation et vibration ; aucun son.
Dans cette exposition intitulée « Sound System[s] » l’artiste aborde l’importance de la communication et de sonorités dans notre compréhension du monde. Ici différents échos résonnent ; la parole des hommes politiques qui influence notre monde vulgairement dénommé le « système » ; le cris des oiseaux éradiqués au sein de leur écosystème ; et enfin la mélodie du système solaire.
Il nous présente une partie de son projet « Mantras » ; interprétation contemporaine de la Création, appréhendée comme un « work in progress », dans lequel il aborde notre civilisation actuelle, caractérisée par une cacophonie incessante (infos 24/24, moyens de communication à outrance, paroles creuses, paroles avant réflexions, …) qui se déleste du mot juste et précis. Pourtant, les mots métamorphosent le monde. Persuader les foules pour emporter l’adhésion, convaincre pour faire la décision, communiquer avec acuité pour transmettre, … : autant d’actions qui nécessitent un discours calibré au millimètre. S’ils sont justes, les mots deviennent des armes, des passions, …
Cette omniprésence de la communication humaine, intra-espèce, vient se mesurer à la communication inter-espèces, entre nous et le vivant animal. La série « Souvenir from Earth » entend montrer comment depuis l’enregistrement de biotopes on peut constituer un langage musical et le mettre en scène plastiquement afin de construire une œuvre politique engagée pour la conservation des écosystèmes. Rendre visuellement palpable des chants d’oiseaux disparus, permet d’éveiller une émotion plus forte qu’une simple liste de noms. « Souvenir from Earth » est une série de sculptures en charbon, insérée sous cloche à la manière des taxidermies, illustrant chacune un chant d’espèce aviaire fossilisé, à tout jamais perdu.
Enfin des photographies retravaillées à la dorure de son installation audiovisuelle « La symphonie des vagabonds », déambulation mystique que nous entretenons avec le cosmos, ouvre un dernier volet spirituel de cette exposition.
[1]Hans Jenny était un physicien et un naturaliste suisse qui a inventé le terme de Cymatique pour décrire les effets acoustiques des phénomène d’ondes sonores.
[2]« Whenever we look in Nature, animate or inanimate, we see widespread evidence of periodic systems. » in Hans Jenny, Cymatics : A Study of Wave Phenomena and Vibration, éd. Macromedia, 2007, p.15