C’est – Marianne Bourges / Nathalie Grenier

24.07

> 19.08.23

Marianne et Nathalie se sont rencontrées fin des années 1990. Les réunir 30 ans plus tard nous plonge dans l’épaisseur de deux démarches.

Marianne Bourges peintre, élève de Bachelard, dont elle a fait le portrait exposé à la Cabane Georgina, était aussi la première conservatrice de l’atelier Cézanne à Aix-en-Provence qu’elle a sauvé de l’oubli. La vie de Marianne Bourges, 95 ans, est une œuvre en soi. Son existence tend vers un dialogue quotidien avec le symbolique. Sa direction de l’atelier Cézanne, avec rigueur, a permis aux visiteurs du monde entier de vivre un moment hors du temps. Chacune de ses apparitions était une performance, la géographie du lieu : une installation contemporaine. Les déambulations dans le jardin, sous une canopée, maillage de lumière et de branchages, nous plongeaient dans la peinture de Cézanne. De grandes tiges de fenouil remplissaient la rampe de la cage d’escalier, leur odeur imprégnait le visiteur. Dans l’atelier du maître, sur un rebord de fenêtre, les lézards se soulaient de l’alcool des pommes caramélisant au soleil. Marianne Bourges a vécu modestement dans cette maison. Elle en était, la gardienne, la conservatrice, la directrice artistique, mais avant tout elle restait, même si dans la discrétion : absolument artiste. Elle a fait de cette habitation un grand-œuvre. Chaque pièce et recoin offraient des perspectives sur l’histoire de l’art. Marianne Bourges, peint, dessine, sculpte. Elle fait ses gammes avec les couleurs, les mots et le rythme. Les dessins présentés ici sidèrent par leur qualité et la diversité des sujets. Microcosme et macrocosme, figuration ou abstraction pour Marianne, c’est la même chose, avec une exigence : cela doit être, cela doit tenir. Elle fait feu de tout bois. De l’œil à l’esprit et de la main au support, elle partage les vibrations du monde.

Avec autant d’intensité, Nathalie Grenier, fleurte des sensualités des traits jetés de baigneuses, d’amoureux, d’oiseaux, de fleurs, à l’empâtement magmatique de la peinture, en passant par les techniques de la gravure, mais aussi des jeux de matériaux du plâtre ou des voiles de tissus. Profusion de chemins, en quête elle aussi du mystère qui tout un coup, par quelques gestes et matières, rend présent une vision, une émotion, un débordement de vie. Nathalie Grenier a la capacité rare du grand écart entre le papillon virevoltant et la glaise après la pluie. Dans cet espace où est-elle ? Elle besogne humblement, observe la nature et ses compatriotes humains. Car aussi, elle accueille. Elle anime un lieu propice à la création dans la campagne Sarthoise. Elle est pratiquante du symbolique, l’art comme une prière quotidienne qui espère dans le faire. Comme la nature, elle foisonne dans tous les sens. Elle témoigne de ce qui est visible et invisible. Dans sa peinture, il y a de l’amour, il y a du doute. Face au mur de dessins de Marianne Bourges, Nathalie grenier affirme une toile imposante : une couronne « éclatante dans la main de l’éternel », nous rappelant les paroles d’Isaïe. Objet qu’elle rend étrange, presque abstrait, comme fait de terre, d’épines et de feu. C’est un buisson ardent de désirs, une forteresse rassurante et trou noir de l’oubli. Autour cela danse.

Dans des étapes de vie différentes, par un maillage de temps, d’espace et de cœur, Marianne et Nathalie se retrouvent côte à côte à travers leurs œuvres dans la ronde de l’existence. Comment ne pas se questionner sur ce qui restera de leur passage ? Elles en sont conscientes, elles vivent et sont. « C’est », comme dirait Marianne, maintenant comme toujors. C’est quoi ? C’est fait, c’est là, c’est parti, c’est à vous ? Elles participent chacune à le révéler à nos yeux.
« Jérémy Chabaud, juillet 2023

24 juillet – 19 août 2023
Vernissage lundi 24 juillet

GALERIE DU TABLEAU
37 rue Sylvabelle,
13006 MARSEILLE

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