C’est beau, c’est loin

Exposition collective

20.02

> 26.03.22

La galerie Jeune Création accueille l’exposition C’est beau, c’est loin, une proposition de Max Coulon et Ludivine Gonthier et qui présente les oeuvres de Jules Bode, Tamara Goehringer, Yongkuk Ko, Vincent Krüger, Ninya Lehrheuer, Jordan Madlon, Paul Friedrich Millet, Raoul Muck et Miriam Schmitz.

C’est beau, c’est loin, c’est une invitation : un peu comme si on voulait vérifier qu’il y a bien tous ces kilomètres entre nous. Juste pour être sûr que la distance existe encore et que les tableaux sont bien réels. En gros, ça revient à transporter des questions dans un endroit où l’on parle une autre langue, s’essayer à la traduction d’une pensée, d’un travail, d’une exposition.

La traduction comporte des risques, le sens des choses y est en danger. En invitant neuf artistes allemands à la galerie Jeune Création, nous usons du plaisir de mal parler une langue, de provoquer des malentendus, de mimer un mot. Le mot allemand « knutschen » se traduit en français par « bécoter ». En français, bécoter est un mot qui n’est plus utilisé par les adolescents depuis longtemps, il sonne vieillot, comme venu d’un ancien temps, se donner un bécot, se bécoter c’est les histoires de nos grands-parents. Le mot allemand knutschen, comme en témoigne cette photo prise dans un abribus de Brackenheim, est toujours bien vivant. On peut y lire une inscription, « wer wil knuschen 887 087 », avec fautes d’orthographe et numéro de téléphone. Knutschen sent la bave, il évoque l’image de deux adolescents qui se roulent des pelles, avec un sentiment étrange où se mêlent une excitation extrême et la peur de mal faire.

– wer wil knuschen ? 887 087 –

D’une langue à l’autre, entre les mots, il y a des interstices, des déformations, des changements d’ambiances. Ici, on ne traduira pas les peintures, on se contentera de les transporter d’un endroit à un autre et d’observer les ricochets qu’elles provoquent. Cette exposition est née d’une envie de traverser le Rhin dans l’autre sens. De faire prendre le pont à d’autres.
Max Coulon et Ludivine Gonthier

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Es ist schön, es ist weit, es ist eine Einladung: Es ist ein bisschen so, als ob man überprüfen möchte, ob es wirklich all diese Kilometer zwischen uns gibt. Im Grunde genommen geht es darum, Fragen an einen Ort zu bringen, an dem man eine andere Sprache spricht, und sich an der Übersetzung eines Gedankens, einer Arbeit oder einer Ausstellung zu versuchen.
Eine Übersetzung birgt Risiken, die Bedeutung der Dinge ist gefährdet. Indem wir neun deutsche Künstler in die Galerie Jeune Création einladen, amüsieren wir uns damit, eine Sprache schlecht zu sprechen, Missverständnisse zu provozieren und Wörter zu mimen. Es gibt das deutsche Wort « Knutschen », das im Französischen mit « bécoter » übersetzt wird. Im Französischen ist « bécoter » ein Wort, das von Jugendlichen schon lange nicht mehr verwendet wird, es klingt altmodisch, wie aus einer längst vergangenen Zeit, « se donner un bécot », « se bécoter », das sind die Geschichten unserer Großeltern. Das deutsche Wort « knutschen » ist, wie dieses Foto aus einem Buswartehäuschen in Brackenheim zeigt, immer noch sehr lebendig und wird heute noch von den jungen Menschen genutzt. Darauf ist eine Aufschrift zu lesen, « wer wil knuschen 887 087 », mit Rechtschreibfehlern und einer angegebenTelefonnummer. Knutschen lässt an Schleim denken, es ruft das Bild von zwei Jugendlichen hervor, die mit « Schaufeln knutschen ». Sie sind geplagt von einem seltsamen Gefühl oder einer Mischung aus extremer Erregung und der Angst, etwas falsch zu machen.
« Wer wil knuschen? 887 087 ».
Von einer Sprache zur anderen, zwischen den Wörtern, gibt es Lücken, Verzerrungen, Stimmungswechsel.
Hier werden die Gemälde nicht übersetzt, sondern lediglich von einem Ort zum anderen transportiert, wir wollen die Rückschläge beobachten, die sie verursachen. Diese Ausstellung entstand aus dem Wunsch heraus, den Rhein in die andere Richtung zu überqueren. Andere dazu zu bringen, die Brücke zu nutzen.

►Galerie Jeune Création
43 rue de la Commune de Paris
93230 Romainville

Vernissage le 20 février 2022 de 14h à 18h
Ouverture jusqu’au 26 mars du mar. au ven. de 11h à 19h
le sam. de 14h à 18h

Visuel : inscriptions sur l’abribus de Brackenheim, juin 2021

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