67e – Artistes sélectionnés

Amandine Arcelli

Amandine Arcelli, Pixo, 2016
Par Colette Angeli
Les sculptures d’Amandine Arcelli sont faites de contrastes formels et d’associations poétiques. Les matériaux de bricolage et de construction sont scrupuleusement choisis, parfois récupérés, « maquillés » et assemblés par l’artiste pour aboutir à de véritables créations-créatures de chantier. Les couleurs et les potentialités des matières industrielles participent de la composition picturale de la pièce, et leur aspect brut peut conférer une certaine organicité aux surfaces. Le spectateur est confronté à l’œuvre tel à un totem, imposant et frontal, mais sa fragilité est soulignée par sa mise en équilibre. Les formes évocatrices sont laissées comme autant de pistes d’interprétations, pouvant être explorées à l’aune d’un titre énigmatique.
The sculptures of Amandine Arcelli are made of formal contrasts and poetic associations. DIY and construction materials are scrupulously chosen, sometimes recovered, « masked » and assembled by the artist to obtain real construction site creation-creatures. The colors and potentialities of the industrial materials are part of the pictorial composition of the piece, and their raw appearance can confer a certain organicity to the surfaces. The spectator is confronted with the work as a totem, imposing and frontal, but its fragility is stressed by its balancing. The evocative forms are left as so many tracks of interpretations, which can be explored by the yardstick of an enigmatic title.
http://www.amandine-arcelli.fr/
Stessie Audras

Stessie Audras, Anemonus, 2015
Par Colette Angeli
Attraction et répulsion, familiarité et étrangeté, réalisme et fantasmagorie. Les curieuses créations de Stessie Audras naissent d’un paradoxe et jouent de leurs contradictions apparentes. De la vision de ses doigts à la sensation de sa langue, l’artiste examine et retranscrit la perception de son propre corps pour constituer un répertoire de formes, parties d’un corps fractionné et recomposé à l’aide d’objets quotidiens dans un assemblage surréaliste. Le corps se retrouve réifié quand les choses deviennent charnelles. La technique parachève la perversion par l’utilisation de la céramique, matériau « noble » qui use de son lustre léché pour mieux séduire et déranger le spectateur de ces ironiques pop sculptures tout droit sorties d’une science-fiction personnelle.
Attraction and repulsion, familiarity and strangeness, realism and phantasmagoria. The curious creations of Stessie Audras are born of a paradox and play with their apparent contradictions. From the vision of her fingers to the sensation of her tongue, the artist examines and transcribes the perception of her own body to constitute a repertoire of forms, parts of a body split up and recomposed with everyday objects in a Surrealist assembling. The body becomes reified when things become carnal. The technique completes the perversion by the use of the ceramic, a « noble » material that uses its luster to lure, seduce and disturb the spectator of these ironic pop sculptures straight out of a personal science fiction.
Prix : Galerie Fernand Léger
Sylvain Azam

Sylvain Azam, Laboratoire, 2017
Par Colette Angeli
Quel est le transfert opéré entre le fond de la rétine et la surface de la toile ? Si c’était une figure de style ce serait une métaphore, ou plutôt une comparaison : [ce tableau là / comme / une dégénérescence maculaire]. C’est surtout le « comme » qui m’intéresse, le « comment faire ».
Une recherche décorative sur la perception ? L’enjeu est surtout de décloisonner certaines catégories historiques de la peinture abstraite tout en essayant de garder libre le jeu de la perception. L’effet justifie donc les moyens ? « L’effet C’EST les moyens » ! Que nous apprend « l’œil composé » de la mouche, sur lequel tu travailles cette année ? Je trouvais marrant de filer ma métaphore jusqu’à la rétine de la mouche, « l’autre » du gore ou de la SF. Je suis fasciné par l’imagerie scientifique et son hyperspécialisation, qui répète celle de l’art et envers laquelle j’ai toujours des sentiments très partagés.
What is the transfer between the back of the retina and the surface of the canvas? If it were a figure of speech it would be a metaphor, or rather a comparison : [this canvas / like / macular degeneration]. It is mainly the « like » that interests me, the « how to do ». A decorative search on perception? The challenge is above all to open up some historical categories of abstract painting while trying to keep the game of perception free. The effect therefore justifies the means? »The effect IT’S the means »! What do we learn from the « compound eye » of the fly, on which you work this year? I found it funny to spin my metaphor up to the retina of the fly, « the other » of the gore or SF. I am fascinated by scientific imagery and its hyper-specialization, which repeats that of art and towards which I always have shared feelings.
Prix : Galerie Jérôme Pauchant
Marion Balac

Marion Balac, Les enfants de Val d’Europe, 2016
Par Blandine Bernardin
Les enfants de Val d’Europe nous mène à la rencontre de ceux qui ont grandi sur les terres de Disney. Le réel semble embrasser l’artificiel et se teinter de fiction dans les périphéries du parc, que Marion Balac nous propose d’explorer dans une déambulation singulière.
Ici, le parc d’attractions offre de passer d’un monde à l’autre en quelques secondes ; ailleurs, c’est internet qui permet des voyages virtuels. Marion Balac construit ses œuvres à partir d’outils digitaux, comme les cartographies en ligne, dont elle détourne les usages. Un jeu d’allers-retours entre Val d’Europe, le lieu même, et son image perçue depuis des écrans questionne notre expérience des nouveaux territoires à l’âge du numérique.
The children of Val d’Europe lead us to meet those who grew up on Disney lands. The real seems to embrace the artificial and tint itself with fiction in the outskirts of the park, which Marion Balac offers us to explore in a singular stroll. Here, the amusement park offers to pass from one world to another in a few seconds ; Elsewhere, it is the internet that allows virtual travels. Marion Balac builds her works using digital tools, such as online maps, from which she diverts the uses. A journey back and forth between Val d’Europe, the place itself, and its perceived image through screens questions our experience of the new territories in the digital age.
Prix : No Mad Galerie
Mohamed Tayeb Bayri

Mohamed Tayeb Bayri, Cave studies 2, 2015
Par Isabelle Smadja
Titulaire d’un double diplôme de design graphique et d’art, Mohamed Tayeb Bayri s’est très vite intéressé aux hétérotopies, ces « espaces autres » décrits par Michel Foucault. Les transposant dans le monde immatériel du net, il explore la « toile » et ses contradictions de son regard (im-) pertinent.
De créations sonores pour le projet DimmiT ou avec le duo Bazoga, en dispositifs à plusieurs lectures alliant nouvelles technologies, sons ou vidéos avec le collectif Pezcorp, l’artiste sème les éléments de son univers de virtualité réelle afin de lutter contre les fantômes des images qu’il a pu lui-même produire. Son récit Hantologie, ses films énigmatiques tels Caves studies #1 et Caves studies #2, sont autant d’armes qu’utilise Tayeb Bayri pour surveiller la data shadow, cette ombre numérique constituée des traces que nous y laissons.
Holding a double diploma in graphic design and art, Mohamed Tayeb Bayri quickly became interested in heterotopias, these « other spaces » described by Michel Foucault. Transposing them into the immaterial world of the internet, he explores the « web » and its contradictions with his (im-) pertinent view. With sound creations for the DimmiT project or with the Bazoga duo, in devices with several readings combining new technologies, sounds or videos with the collective Pezcorp, the artist sows the elements of his universe of real virtuality in order to fight the ghosts of images which he himself produced. His story Hantology, his enigmatic films such as Caves Studies # 1 and Caves Studies # 2, are as many weapons that Tayeb Bayri uses to monitor the data shadow, that digital shadow made up of traces that we leave behind.
Léandre Bernard-Brunel

Léandre Bernard-Brunel, Vetal Nagri, 2017
Par Blandine Bernardin
Les films de Léandre Bernard-Brunel se construisent sur des processus de rencontres, qui sont la partie immergée de son œuvre composite. Ils oscillent entre le cinéma, sa pratique fondatrice, et les arts plastiques, d’où il puise son travail pictural de la lumière et du temps qui donne une densité particulière à sa recherche. Avec Vetal Nagri, une plongée fascinante dans l’imaginaire collectif indien autour de récits de fantômes, il fait se rencontrer fiction et documentaire : le film tient en partie d’une performance réalisée avec des marchands des rues. En mêlant écriture et recherche d’un instant présent, Léandre Bernard-Brunel propose un mode d’échange inédit qui use de la force des récits pour approcher, au plus près, l’intimité de ceux qu’il filme.
Léandre Bernard-Brunel’s films are built on the processes of encounters, which form the invisible portion of his multi-faceted work. His work moves between cinema, his founding practice, and the visual arts, from which he draws his pictorial work involving light and time, which gives a particular density to his research. With Vetal Nagri, a fascinating dive into collective Indian fictions about ghosts, fantasy and reality meet : the film is partly a performance realized with street merchants. In seamlessly mixing writing and investigation. Leandre Bernard-Brunel proposes an unprecedented mode of exchange that uses the force of narratives to move toward, as closely as possible, the intimacy of those whom he films.
Prix : LeChassis et Jennifer Flay
Jérémy Berton

Jeremy Berton, Acrobates, 2015
Par Blandine Bernardin
Jérémy Berton se joue des formes et transfigure avec humour des éléments de la vie courante renvoyant à l’univers domestique ou ludique. Sous son regard, les objets prennent des dimensions inédites et inventent un nouveau rapport au corps, tandis que les matières se transforment et figent le mouvant dans des élaborations géométriques. Ces décalages multiples questionnent notre perception : peut-on ici croire ce que l’on voit ? Cette déstabilisation du regard prend toute sa force dans la sensation d’équilibre qui anime toute l’œuvre de Jérémy Berton. Sans illusion ni socle, les sculptures semblent ne pas répondre de la pesanteur. Les acrobates sont immobiles, pris dans un temps suspendu qui n’est pourtant pas dénué de dynamisme et de vitalité.
Jérémy Berton plays with forms and humorously transfigures elements of normal life, reflecting a domestic or even playful universe. Under his gaze, objects take on new dimensions and new relations to the body, while materials transform and freeze it, moving into geometric productions. These multiple shifts question our perception: can we believe what we see? This destabilization of the sight is fortified by the sense of equilibrium which animates all the work of Jeremy Berton. With neither artifice nor pedestals, the sculptures don’t seem to respond to gravity. The acrobats are motionless, caught in a suspended time which nevertheless retains its dynamism and vitality.
Louise Bossut

Louise Bossut, Pique-nique à Ouessant, 2014
Par Mathilde Hivert
Les images que Louise Bossut immortalise à la chambre photographique attestent d’une connaissance approfondie de l’histoire de l’art, elles forment autant de messages cryptés, de bouteilles jetées à la mer. Cependant si ces photographies éminemment picturales semblent venir d’un autre temps, les sujets auxquels elles renvoient n’en sont pas moins résolument contemporains. Louise Bossut se trouve en équilibre, bien souvent sur le fil qui marque la cohabitation de deux mondes parfois considérés comme antagonistes : héritage et contemporain, homme et nature qui l’entoure, traditions vernaculaires et véhiculaires. Pour la 67e édition de Jeune Création l’artiste a choisi de présenter deux pans de son travail : ses paysages magnifiant l’habitation et l’utilisation du lieu naturel par l’homme et une nouvelle série de portraits que l’artiste a consacrée aux femmes de son entourage dont les voiles sont pour elle des réminiscences de peinture de drapés.
The images that Louise Bossut immortalizes via large-format photography testify to an in-depth knowledge of the history of art; they form as many encrypted messages, bottles thrown overboard. However, if these eminently pictorial photographs seem to come from a another era, the subjects to which they refer are resolutely contemporary. Louise Bossut finds herself in balance, often on the thread that marks the coexistence of two worlds sometimes considered antagonistic: the historical and the contemporary, man and the natural world that surrounds us, vernacular and vehicular traditions. For Jeune Création, the artist chose to present two aspects of her work: her landscapes magnifying the inhabitation and the use of the natural world by man and a new series of portraits showing the women of her entourage represented in a way that for the artist recall paintings of draped cloth.
Jessica Boubetra

Jessica Boubetra, Pente convexe, 2017
Par Antoine Cantiny
Si l’on demande à Jessica Boubetra si elle se considère artiste ou architecte, la réponse est sans appel, elle est artiste. Mais elle n’en garde pas moins les stigmates architecturaux laissés par les années d’apprentissage méthodique du métier de celui qui planifie.
Et en se réappropriant la matière industrielle, en lui ôtant son utilité première, l’artiste semble dresser une classification quasi archéologique du matériau de construction. Faisant fi de la supposée noblesse de la matière qu’elle imite, elle impose un esthétisme plastique à des détails de matériaux dont la forme et les dessins ne nous sont pourtant pas inconnus.
Ainsi il n’est pas rare de voir, dans les œuvres de Jessica Boubetra, la rigidité linéaire d’un matériau cohabiter avec la fluidité translucide d’un autre, ainsi des constructions symétriquement planifiées de marbrures et de bois s’enrobent d’imprévus apparats d’émaux et de verres. Cette nécessité de l’assemblage se répercute jusque dans les titres de ces œuvres, échantillon de mots raccordés tirés d’écrits personnels, qui façonnent imaginairement l’appréhension narrative de ces sculptures modulaires à ramifications multiples. Nous informant de la potentielle présence d’une narration par l’abstraction, celle qui a permis de déguiser une substance en une autre, de lier le vide et la matière.
When you ask Jessica Boubetra whether she thinks she is an artist or an architect, she is adamant that she is an artist. But she still retains the distinctive marks of the years spent patiently learning the trade of the ones who plan out.
By appropriating industrial materials and depriving them of their intended use, it seems that the artist is launching into a systematic industrial archaeology, so to speak. Denying the general assumption that these materials she mimics are noble, she’s imposing her esthetic views on some aspects of the material which have a shape or outline that still look familiar to us. In Jessica Boubetra’s works, you would see the sleek lines of any given material go along with the supple and translucent ones of another. So it is with these symmetrically-built constructions that ‘dress up’ in quite unexpected apparel. This ‘going down the assembly line’ can be seen as far as the titles of the works, word samples connected together taken from the artist’s own writings, which help us imagine that these multiple-possibility modular sculptures have a narrative aspect to them. And so we know there might be a narration that is going on, out of the abstract. It is a similar process which has allowed one substance to be disguised into another and has helped bind the nothing to the thing.
http://www.jessicaboubetra.com/
Prix : Look and Listen
Hilda Caicedo

Hilda Caicedo, Conversations de famille, 2017
Par Laure Raffy
Artiste plasticienne d’origine colombienne, Hilda Caicedo nous surprend dans la curieuse relation qu’elle entretient avec la matière. Une matière qu’elle récolte, assemble, recompose, quel que soit le medium employé (collage, peinture, vidéo…). Son travail, d’une apparente douceur, de par le choix des formats, souvent petits et légers, l’emploi de couleurs à la fois pastels, sobres et végétales, contraste avec les histoires qu’il raconte : sensibles, dures, tranchantes, témoignage du paysage violent dans lequel elle a grandi. Et si sa production dévoile avec poésie et pudeur, son expérience personnelle de l’exil, c’est toujours avec la distance suffisante pour qu’il puisse raisonner, dans chacun d’entre nous. Une démarche généreuse et dévouée, un visage souriant, une voix débordante d’envies, un travail de tous les instants qui annoncent déjà̀ de futurs projets prometteurs.
It surprises us to see how Hilda Caicedo, an artist from Colombia, deals with matter the peculiar way she does. She collects, assembles, reshapes, no matter what medium she is using (collage, painting, video, etc.). It looks like her works are delicate as she favours small-sized, slight supports, the use of colours all at the same time pastel, restrained and green. In turn, it contrasts with the stories the artist is telling — moving, hard, acute, memories of the violent environment in which she grew up. When her works reveal her own experience of the exile in a poetic and unassuming way, there always is the appropriate distance that will allow the story to ripple through each and every one of us. A smile on her face, a rapturous voice, how generously she devotes her energies to an incessant work — all harbingers of bright future prospects.
Laure Catugier

Laure Catugier, Dropshadow 03, 2015
Par Livia Tarsia In Curia
Less is more. Laure Catugier compose son champ d’investigation au moyen d’un vocabulaire relatif à l’architecture. Démarre une conquête de lignes géométriques. Elle apprivoise l’ensemble des détails paramétriques qui se situent dans la distance entre son corps physique et l’emplacement de l’objet photographié. Au moyen de son Leica elle sabote les données, les valeurs conventionnelles émises sur les distances, les surfaces et les immeubles. Son travail protéiforme incarne une dimension scénographique qui lui permet de manipuler, truquer, décoder, transfigurer l’objet d’étude isolé auquel le spectateur fait face. Ses angles de vues invitent à désamorcer l’évidente confrontation à un mur, une porte fermée. Le cadre amène le regardeur à l’essentiel, à une découpe visuelle qui ouvre la perception d’une dimension sculpturale de la distance.
Less is more. The field Laure investigates is created out of and expressed through a language relating to architecture. And so begins the conquest for geometric lines. She becomes the master of all settings at work in the space between her own body and the place where the photographed object stands. Using her Leica, she corrupts conventional data and ideas about distance, surface and buildings. Her multifaceted works become a stage on which she can manipulate, tamper with, understand or transfigure the one object under scrutiny the spectator is confronted to. The viewpoints encourage us to defuse the all-too-obvious staring at a wall, a door closed. The angle of view breaks things down to the bare essentials for us viewers, all that is to see stands out, which opens our perceptual sensitivity to a sculptured aspect of distance.
https://vimeo.com/laurecatugier
Prix : Element.a Residency et le Palais des Paris
Vincent Chevillon

Vincent Chevillon, Archipel sorg, 2016
Par Amélie Bouxin
SCRIMSHAWS. À partir d’objets trouvés, fabriqués, de fragments, Vincent Chevillon effectue des rapprochements qui génèrent de nouveaux écosystèmes. Passeur entre ces entités et leurs simulacres, il nous engage à nous situer. La proximité d’objets convoquant des univers à priori inconciliables induit un trouble parfois même une certaine violence. De nouvelles cartographies éclosent aux prismes de ces croisements. Celles-ci génèrent des repères sur ce qui nous entoure et nous permettent de mieux appréhender notre environnement. La spatialité de son œuvre, tout comme les associations qu’il effectue, est inhérente au contexte dans lequel Vincent Chevillon s’exprime.
SCRIMSHAWS. Using found or made-up objects, fragments, Vincent Chevillon makes the link between them and creates new environments. He acts as an intermediary between these objects per se and their mock-up versions and invites us to take sides. The close proximity of objects coming from antagonistic backgrounds creates an odd feeling, sometimes, even, ominous. Other map-readings are made possible thanks to these junctions that spawn fresh landmarks in our environment and help us know better where we are. His works in space as well as the links he makes are an integral part of the context in which Chevillon speaks.
Prix : Mains d’Oeuvres
Clara Citron

Clara Citron, Antigone pastel, 2015
Par Amélie Bouxin
Les dessins de Clara Citron ont l’habileté de mélanger des moments de vie divers sans y imposer un point de vue personnel. Telle une auteure, au travers de ces dessins, Clara Citron nous livre une histoire dont elle n’est pas le protagoniste et par là, elle nous soumet à nos interrogations intimes. Sans connivence ou militantisme, elle souhaite articuler dans ses œuvres aussi bien la trivialité que la brutalité d’instants universels. Une succession de sentiments divergents se voit être provoquée dans ses œuvres. Son trait instinctif, spontané et affirmé ainsi que la multiplicité aussi bien des points de vue que des associations entre textes, couleurs, dessins, formats et papiers sont des traits caractéristiques de son travail.
Clara Citron’s drawings have this ability to patch together various dear-diary moments without forcing on them any personal opinion. Just like a (female) author, with her drawings, Clara Citron brings us a story whose main protagonist she is not, so that we are confronted to our innermost intricacies. Without conniving nor advocating, she wishes to express, in an articulate way, how both trivial and brutal those universal moments can be. As they stand, her works arouse one contradictory feeling after another. Her instinctive drawings, spontaneous but sharp, as well as the multiple viewpoints but also connections between text, colour, drawing, size and paper give character to what she does.
Prix : La Source
Oliver Clement

Oliver Clement, Lamp Post, 2014
Par Antoine Cantiny
Abandonnées par un futur, c’est le sentiment que l’on pourrait avoir face aux photographies d’Oliver Clement. L’artiste, dans une démarche à l’esthétisme vernaculaire propose des paysages d’intérieur, des décors d’extérieur et des jeux de détail dont les sujets, vétustes et surannées, paraissent faire fi de la chronologie pour faire figure d’anachronisme. Ces sujets, artefacts d’une modernité déjà obsolète, annonces d’une contemporanéité désertée par l’idée qu’on s’en était faite, créés un raccourci vers un avenir fantasmé dont les fragments ne sont finalement que ceux d’une fausse réalité, celle d’un présent altéré par le temps.
Fantomatiques dans leur aspect, ces images autonomes, toujours absentes de corps, souvent dénuées de repères, semblent vouloir nous conter une histoire, celle d’une utopie qui aurait mis la clé sous la porte.
Looking at Oliver Clement’s photographs, it would seem that the future has given up on them. In his works, the artist is using the classic imagery of interior landscapes, outdoor sets or playful details taken from outdated and old-fashioned subjects that seem to ignore chronology so much they appear anachronistic. These subjects, in quite the same way as artefacts of an already-obsolete modern life would do, show us that what we would expect of the contemporary has left us stranded and, so, have us take some kind of shortcut to a dreamed future whose fragments are, after all, but those of a fake reality — that of a worn-out present.
One by one, these ghost images in which the body always is absent and in which one often loses one’s points of reference, look like they are trying to tell us a story, that of some utopia which would have closed shop.
Pierre Clément

Pierre Clément, Keep your master, 2016
Par Antoine Cantiny
Les œuvres de Pierre Clément, pourtant différentes dans leur esthétisme et leurs matériaux, nous offrent le sentiment d’une cohabitation sans concession : celle de la technique et ses outils, avec la nature et ses ramifications. Ces assemblages où la matière organique s’enorgueillit de son pendant industriel, nous donnent à voir que l’objet naturel et l’objet manufacturé, dans une rencontre forcée par l’artiste, peuvent se confronter pour ne faire qu’un. En résulte des combinaisons sculpturales technologiquement organiques. Ces sculptures, qu’on imagine figurer une nature contaminée par la technologie pourraient tout aussi bien montrer le contraire : une technologie infectée par la nature, dont ces œuvres constitueraient une série de pièces à conviction, prouvant ainsi l’existence d’un potentiel avenir. Un avenir où la nature aurait repris ses droits.
Pierre Clément’s pieces, though different from one another, all offer the same sense of uneasy coexistence between tools, technology and nature. These constructions put both natural and mass-produced objects on display, forcing them to mingle. The result is a series of technologically organic sculptures. Is nature being contaminated by technology, or is it the other way around? Perhaps these sculptures are predicting a future in which nature reclaims control.
François-Noé Fabre

François-Noé Fabre, Zhora Distopark, 2016
Par Céline Corollec
L’œuvre que présente François-Noé Fabre s’inscrit dans la série Compilation commencée en 2015. Par la technique du transfert textile l’artiste appose des photographies provenant de ses archives personnelles ou de sources diverses (internet, magazines etc.) sur une toile ensuite capitonnée. Les clous sont apposés directement sur les images, ce qui en perturbe ainsi la lecture et fait disparaître leur potentiel narratif. Dans l’œuvre, aucune différence n’est faite entre les photographies de l’artiste et les réappropriations d’images qui inondent notre quotidien. Le lien qui les unit toutes est leur thématique commune (paysages de mer, photographies de famille etc.) mais elle-même disparaît lorsque la toile est capitonnée. Les images sont absorbées, malmenées dans une œuvre dont la forme évoque au contraire un univers domestique confortable.
The work presented by François-Noé Fabre falls within the series Compilation initiated in 2015. Using a textile transfer technique, the artist affixes photographs either from his personal archives or diverse sources (internet, magazines, etc..) on a subsequently upholstered canvas. The nails, directly affixed on the images, interfere with their legibility and make their narrative potential disappear. No difference is made in the work between photographs belonging to the artist and appropriated images overloading our everyday lives. The link uniting them all is their common theme (seascapes, family photographs, etc..), but it disappears when the canvas is upholstered. The images are absorbed, mishandled, in a work whose form rather evokes a comfortable domestic world.
https://www.francoisnoefabre.com/
Sarah Feuillas

Sarah Feuillas, Mansio obsessio, 2013
Par Céline Collorec
Photographie et sculpture sont complémentaires dans le travail de Sarah Feuillas, leurs formes se répondent et dialoguent. Sensible à l’espace et à l’architecture, l’artiste réalise depuis l’expérience d’une résidence en territoire palestinien occupé, des séries de photographies d’habitations situées en zones sensibles (frontières, zones de conflits) qui sont la source de son travail.
L’installation présentée se compose de trois éléments en dialogue les uns avec les autres, qui interrogent notre rapport aux images. Dans Screenplays les photographies sont présentées sur des panneaux coulissants qui en modifient la perception. Les diapositives éducatives rétroprojetées qui composent Every shape you take sont elles aussi modifiées, peintes, découpées, ne faisant plus de leur sujet qu’un support. La sculpture Basis quant à elle se tient devant le spectateur, elle n’est pas de l’ordre de l’image mais vient s’en extraire, devient réelle.
Photography and sculpture complement each other is Sarah Feuillas’s work, their forms communicate and converse. Sensitive to space and architecture, the artist created, from the experience of a residency in an occupied Palestinian territory, a series of photographs of houses situated in sensitive zones (frontiers, conflict zones) that are the source of her work.
The installation presented is made of three conversing elements, questioning our relationship to images. In Screenplays, the perception of the photographs is modified by their presentation on sliding panels. The educative slides projected composing Every shape you take are also modified, painted, cut out, making their subject become no less than a substrate. The sculpture Basis, on the other hand, stands in front of the viewer : it is hard to define as an image, even if it is extracted from an image, becoming real.
Prix : Projet Eden
Étienne François

Etienne François, Truite remontant le courant 2, 2016
Par Sarah Chabrier
Peindre, attendre, recouvrir, effacer, ajourner et recommencer. C’est empirique, ça glisse tout seul dans un environnement insaisissable. Un endroit où le sujet originel se dilue, dans l’eau qui s’écoule, dans le torrent qui jaillit. Où il se méduse comme le rocher chauffé au soleil, la glace qui l’entoure. Peut-être aussi il se fondra dans la brume ou dans la forêt, à la lueur de la Lune.
Ça ne parle plus vraiment de représentation, ce ne sont plus des images d’images – mais plus de sensations, d’impressions, parce que le paysage n’en est plus un vraiment. L’eau se solidifie, le rocher n’est plus qu’une tache grise, la forêt un bloc brillant en quelques points. Et la figure non plus, d’ailleurs. Elle flotte sans corps ni racine sur un fond dégradé. Dès lors c’est une image autonome, prête à devenir motif. Tout ce qui avait été pensé au commencement n’existe plus, l’essentiel est fixé.
To paint, to wait, to overlay, to erase, to put on hold, to start again. It’s empirical, it happens just like that in an ungraspable environment. A place where the initial subject dilutes itself in flowing water, in a gushing torrent. Where it is transfixed like a rock heated by the sun, the ice surrounding it. Maybe it will also blend in the fog or in the forest, at moonlight.
It is not really about representation, these are no longer images of images – but more of sensations, impressions, because the landscape is not really a landscape anymore. Water solidifies, the rock is now only a gray stain, the forest a block shining in a few spots. Neither does the figure, by the way. It floats, bodiless, rootless, in front of a gradated background. Henceforth it is an autonomous image, ready to become a motif. All that had been imagined at the beginning no longer exists, what is essential is fixed.
http://cargocollective.com/francoisetienne
Prix : La Richardière
Guillaume Gehannin

Guillaume Gehannin, Capture film 4, 2016
Par Coline Davenne
Guillaume Gehannin, peintre, dessinateur, performeur et vidéaste, utilise sa caméra comme un carnet de croquis ou un journal intime pour y inscrire quotidiennement le récit de ses rencontres, de ses aventures et de ses émotions. Son travail, attaché au lieu qu’il explore et à ses habitants, est le fruit d’un artiste toujours en mouvement, qui s’adonne à une captation fascinée des joies simples de la vie. Parmi la multitude de rushs qu’il collecte ainsi, certains sont montés en de courtes séquences vidéographiques qui, mises bout à bout, dessinent le squelette éclaté de son premier long-métrage, Risque d’atmosphère explosive (2016). Il y décrit un territoire touchant qui semble osciller entre la ruralité séculaire et les vestiges d’une industrie mourante qui marquent le paysage comme de multiples cicatrices. Explorant la porosité entre cinéma et art contemporain, ses œuvres sont avant tout marquées par une esthétique de la débrouillardise et par le travail des images brutes qu’il façonne méticuleusement au montage.
Guillaume Gehannin is a painter, draftsman, performer, video artist who uses his camera like a sketchbook or diary, to each day write the tales of his encounters, adventures and emotions. His work, closely linked to the place he explores and its inhabitants, is the product of an artist constantly in movement, who devotes himself to recording with fascination the simple joys of life. Among the multitude of rushes he thus collects, some are edited in short video sequences, which, placed end-to-end, draw the shattered skeleton of his first feature-length film, Risque d’atmosphère explosive (2016). He describes a touching territory, seemingly oscillating between secular rurality and the remains of dying industry inscribing the landscape like multiple scars. Exploring the porosity between film and contemporary art, his works are first and foremost marked by an aesthetic of resourcefulness, and by the process of working with raw images, that he meticulously shapes during the editing process.
https://www.guillaumegehannin.fr/
Prix : Progress Gallery
Audrey Gleizes

Audrey Gleizes, Passe donne reste – je cherche un point de vue, 2016
Par Coline Davenne
Les œuvres vidéographiques et performatives d’Audrey Gleizes sont interdépendantes et se retrouvent formellement dans l’élaboration de dispositifs communs qui mettent en jeu la représentation, ses codes et ses artifices. Ses vidéos mettent en scène un texte impossible à écrire et des images impossibles à filmer. Elles jouent de l’écart existant entre le pouvoir évocateur des mots et celui, tout aussi grand, des images à décevoir ou à tromper. Les installations qui convoquent certaines de ces vidéos jouent d’un tâtonnement plastique et se présentent comme l’assemblage d’éléments résiduels issus d’un fourmillement d’idées qui semblent s’abîmer dans leur processus de mise au réel. Les actions performatives qui accompagnent souvent ses installations vidéographiques sont des prolongements de l’univers fictionnel dans le réel. Elles se regroupent en un même geste pour invoquer un ailleurs, dont l’évocation est pensée comme la véritable œuvre. Elles sont les traces éphémères de ce lieu fictionnel et absent, les excroissances fantomatiques de son travail textuel dans l’espace.
Audrey Gleize’s videographic and performative works are interdependent, and reunite formally throughout the elaboration of common arrangements, putting at stake representation, its codes and its tricks. Her videos stage a text that is impossible to write and images that are impossible to film. They play with the existing gap between the evocative power of words and the equally important deceptive or dishonest power of images. The installations, convoking some of these videos, play with a trial and error aesthetic, and present themselves as the combination of residual elements derived from a plethora of ideas that seem to perish during the process of becoming real. Often associated to her videographic installations, the performative actions are extensions of the fictional world in reality. They come together in common gestures to invoke someplace else : its evocation is conceived as the true work. They are the ephemeral traces of this fictional and absent place, the ghostly excrescences of her textual work in space.
Théo Hernandez

Théo Hernandez, La décadence du taureau, 2016
Par Lydie Blanc
Théo Hernandez s’intéresse au récit en tant que contenant de notre histoire.
Employant divers médiums : de la bande dessinée à la vidéo en passant par la gravure, l’artiste redéfinit le genre historique en convoquant des personnages de notre époque afin de l’actualiser. Dans un même temps, il soustrait ces personnages à leur contexte et les modèles afin de renégocier les discours et les valeurs qu’ils portent. En croisant l’histoire de l’art et des civilisations avec celles des icônes populaires d’une génération née à la fin des années 1980, Théo Hernandez joue ainsi avec les mécanismes de construction des récits et reprend le contrôle des figures qui ont façonné son éducation.
Théo Hernandez is interested in the narrative as a receptacle of our history.
Using different media, from comics to video including engraving, the artist redefines the historical genre, convoking characters from our era to renew it. At the same time, he substracts the characters from their context and shapes them to renegotiate the messages and values they convey. By crossing history of civilizations, of art, with the history of the popular icons of a generation born at the end of the 1980s, Théo Hernandez thus plays with mecanisms that construct narratives, and regains control of the figures that shaped his education.
Albane Hupin

Albane Hupin, Chue, 2016
Par Céline Collorec
Les œuvres d’Albane Hupin troublent notre perception des lieux dans lesquels elles s’inscrivent. Dans les tableaux qui composent Polyptyque, 2015, l’aspect hyperréaliste, quasi photographique de plis est trompeur. En effet, les plis ne sont pas des plis mais l’empreinte de ceux-ci, puisque l’artiste plie la toile avant d’y projeter la peinture à l’aérosol. Si l’application de la peinture sur une toile pliée induit un résultat aléatoire, les espaces laissés vierges entre chaque surface peinte sont soigneusement calculés se confondent avec des pans de mur blanc entre différents tableaux. L’artiste questionne ainsi le statut du tableau contemporain et ses conditions de monstration. L’écart entre le résultat illusionniste et la réalité matérielle de l’œuvre crée des allers-retours permanents entre plan et volume, entre support et surface.
Albane Hupin’s works unsettles our perception of the places in which they are placed. In the paintings composing Polyptyque, 2015, the hyperrealist, almost photographic aspect of folds is misleading. Indeed, the folds are not folds but their imprint, since the artist folds the canvas before projecting the spray paint. If the process of applying paint on a folded canvas implies a random result, the spaces remaining blank between each painted surface are carefully calculated, blend with the white wall surfaces between the different paintings. The artist thus questions the status of contemporary painting and its viewing conditions. The gap between the illusionist result and the material reality of the work creates permanent rebounds between blueprint and volume, between substrate and surface.
http://albanehupin.blogspot.com/
Prix : Agence Kyubes
François Jacob

François Jacob, Mascarade, 2016
Par Mathilde Hivert
François Jacob fait des artifices du spectacle des éléments récurrents de son œuvre. Victor Hugo disait que le théâtre n’est pas « le pays du réel » mais c’est le même moment de réalité, ou d’illusion que partagent les acteurs et les spectateurs lorsque la pièce est jouée. Ce sont les artifices utilisés au service de cette illusion qui intéressent l’artiste et qui l’amène à envisager le spectacle comme métaphore de la vie en ce qu’elle a de factice. Ainsi la représentation, les faux-semblants et la manipulation retiennent son attention. Il les explore dans des images troubles et ambivalentes, plaçant le spectateur au cœur d’un récit sans pour autant lui donner les clés d’une narration mais laissant ouverte la possibilité d’un doux vertige cathartique.
François Jacob uses the artifices of theater as recurrent elements in his works. Victor Hugo said that theater was not « the country of reality » but was the moment itself of reality, or of illusion, shared by actors and spectators while the play is performed. Theses artifices used to serve this illusion are what interests the artist, and what brings him to consider theater as a metaphor of life, in its factitious aspects. Representation, presence and manipulation thus retain his attention. He explores them in troubled and ambivalent images, placing the viewer at the heart of a narrative whiteout giving him the clues of a story, leaving open the possibility of a soft cathartic vertigo.
Justyna Janetzek

Justyna Janetzek, Unstable Views, 2016
Par Coline Davenne
Le travail de Justyna Janetzek est avant tout sculptural et les arêtes fines de ses sculptures révèlent les lignes et les volumes de l’espace où elle expose. Ses œuvres en métal prennent naissance dans un dialogue intime avec le lieu d’exposition. Ses dessins au crayon sur papier sont les prémices de ses sculptures et visent de la même façon à révéler les caractéristiques physiques d’un lieu. À l’issue d’une première visite de repérage, elle crée de nombreux dessins préparatoires et croquis qui, plus que de simples étapes de recherche, constituent des œuvres à part entière. Ses dessins sont des états intermédiaires d’un projet en gestation, des états d’une réflexion qui appellent la poursuite de développement en volumes. À la fois délicats et techniques, ses dessins de petit format sont des interstices entre deux volumes – le lieu et la sculpture, l’espace et le corps.
Justyna Janetzek’s work is primarily sculptural and the fine edges of her sculptures reveals the lines and the scale of the space where they are exhibited. Her metal works originate from intimate conversations with the exhibition space. Her pencil drawings on paper are the premises of her sculptures and equally aim to reveal the physical characteristics of a place. After a first exploratory visit, she creates many preparatory drawings and sketches : more than simple steps in her research, they constitute works in themselves. Her drawings are transitional states of a project in gestation, the stages of a reflection that calls for continuation with expansion in space. Both delicate and technically elaborated, these small drawings are gaps between two spaces – the place and the sculpture, the space and the body.
http://www.justyna-janetzek.de/vita/
Prix : Multiple Un et Paréidolie
Jules Lagrange

Jules Lagrange, Le Temps Scellé, 2014
Par Lydie Blanc
Jules Lagrange s’intéresse au cinéma dont il se réapproprie les différents codes au sein de son travail vidéo : de sa structure interne aux images qu’il génère. Empruntant parfois des personnages réels ou fictifs, l’artiste joue des lieux de reconnaissance et de l’imaginaire du spectateur. En tension entre réalisme et fiction, les films de Jules Lagrange instaurent le doute et viennent troubler la construction de nos représentations et nos possibles projections. Associant des procédés narratifs et signes d’énonciation inattendus, l’artiste explore par les écarts qu’ils produisent ce que peuvent révéler les images et comment elles façonnent notre rapport au monde.
Interested in filmmaking, Jules Lagrange revisits its different codes in his video works : from its internal structure to the images it generates. Sometimes borrowing real or fictional characters, the artist plays with the viewer’s acknowledgement and imagination. In a tension between realism and fiction, Jules Lagrange’s films create suspicion and upset the construction of our representations and possible projections. Associating narrative processes and unexpected enunciation signs, the artist explores the gaps produced : what the images can reveal and how they shape our relationship to the world.
https://vimeo.com/juleslagrange
Prix : Diamètre
Yannick Langlois

Yannick Langlois, Untitled Egg Rock, 2017
Par Margot Miossec
Extrait du journal de la station. Henry N. Richardson Mai 1873 – 20h45
« Eben Phillips, morutier de la commune de Nahant, Massachusetts, pêche pour vendre au gros sur le marché de la ville. Il attrape ces poissons sur les roches d’Egg Rock, en face de la capitainerie. Une grosse morue a été attrapée ce matin. Les gars du port ont raconté qu’un anneau en or 18 carats a été découvert dans le ventre du poisson avec H.L marqué dessus. La fortune assurée pour le propriétaire du poisson. Par chance, nous n’avons plus de nouvelles du monstre de la baie. »
Sur un fil entre documentaire et fiction, Yannick Langlois trouve dans une carte postale de 1905 les indices d’un récit caché qui lui servent de prétexte à une recherche spéculative qui hybride l’imaginaire sous-marin, la muséologie, la sculpture et la cryptozoologie.
Extract from the station’s newspaper. Henry N. Richardson May 1873 – 8:45 pm
« Eben Phillips, a cod fisherman of the town of Nahant, Massachusetts, is fishing for resale on the city market. He catches these fish on the rocks of Egg Rock, in front of the captaincy. A big cod was caught this morning. The guys at the port reported that an 18-carat gold ring was discovered in the fish’s belly with H.L marked on it. The owner of the fish was certainly lucky. Fortunately, we have no further news of the monster of the bay. »
Walking the line between documentary and fiction, Yannick Langlois uses the findings from a postcard from 1905 the suggestions of a hidden narrative that serve as a pretext for a speculative search that hybridizes the underwater fantasy, museology, sculpture and cryptozoology.
http://thankyouforcoming.net/fr/yannick-langlois/
Prix : Immanence
Thomas Lasbouygues

Thomas Lasbouygues, Station Radio, 2016
Par Margot Miossec
À l’origine il y a le voyage dans des contrées inexplorées et lointaines ; il y a l’expérience de nouveaux territoires où l’artiste enregistre, capture des instants, récolte de la matière pour documenter son expérience. À l’origine donc, il y a l’histoire vécue, captée et transmise – parfois de manière quasi simultanée – au moyen d’outils vidéo, photographiques, radiophoniques, textuels, performatifs. Ces dispositifs, témoignages d’excursions en équilibre entre le réel et l’imaginaire, emportent le spectateur dans cet entre-deux mondes, amenant à se questionner sur la manière de comprendre et d’appréhender les images, les imaginaires.
« Thomas Lasbouygues met en lumière un rapport médiatisé aux expériences et aux images qu’il produit. Il tente ainsi d’investir l’enregistrement du réel comme une forme narrative ou performative propre à faire émerger de nouvelles terra incognita. »
As origin, there is the voyage through unexplored and distant lands ; there is the experience of new territories where the artist records, capture moments, gathers material to document his experience. At the beginning, then, there is the story lived, captured and transmitted – sometimes almost simultaneously – via video, photography, radio, text, and performance. These methods, testimonies of excursions that balance the real and the imaginary, carry the viewer through this inter-world, leading us to question our ways of understanding and grasping images and fantasy.
« Thomas Lasbouygues shows us a mediatized relationship to the experiences and images he produces. He thus attempts to invest the recording of the real as a narrative or performative form suitable for the emergence of new terra incognita. »
http://www.thomaslasbouygues.net/
Prix : Galerie Barbara Polla
Flavie L.T

Flavie L.T, Vue d’exposition, Théorème à niveau, 2016
Par Laura Moulinoux
Une structure triangulaire, des objets à la fois ouverts et complexes, des prélèvements ici, des raccords là… Grâce à d’ingénieuses manipulations de formes géométriques, l’artiste Flavie L.T construit une approche du réel dans laquelle elle invite le spectateur, non seulement à manipuler physiquement et mentalement les lignes et les symboles présents dans ses œuvres, mais aussi à expérimenter l’espace et l’architecture qui l’entoure. Chaque élément présent dans ses œuvres semble faire émerger ce qui est le plus inhérent à leur constitution. Peut-être sont-ils les symboles d’une société, d’une culture ou de savoirs ? L’artiste nous incite alors à plonger dans une recherche paradoxale où étrangeté et conformité se superposent et tendent à redessiner un réel ébréché.
A triangular structure, objects that are both open and complex, removals here, connections there … Thanks to ingenious manipulations of geometric shapes, the artist Flavie LT constructs an approach to reality in which it invites the viewer, not only to manipulate physically and mentally the lines and symbols present in his works, but also to experience the space and architecture that surrounds them. Every element present in his works seems to bring out what is most inherent in their make-up. Perhaps they are the symbols of a society, a culture or knowledge ? The artist invites us to plunge into a paradoxical research where strangeness and conformity are superimposed and tend to redraw a diminished reality.
Prix : Lieux-Communs
Romain Lecornu

Romain Lecornu, Alpha 3, 2016
Par Margot Miossec
Du film à la performance, en passant par la sculpture, l’installation, la photographie et la peinture ; aucun médium n’échappe à Romain Lecornu.
Ce polymorphisme dans la création lui permet de questionner par des moyens détournés, imagés, souvent métaphoriques la relation que nous maintenons entre fiction et réel, entre contes, légendes et réalité. Ici la fiction permet de rejouer, de remettre en scène des formes, des enjeux passés et de venir ainsi questionner le présent.
Passage perpétuel d’un état à un autre, fluctuant d’instants mortifères à vivifiants. Une inter-zone où Romain Lecornu fait s’entremêler, rîtes séculaires et low culture, dans l’idée de faire réapparaître, de révéler des images rémanentes, à la manière des lucioles, brillant par intermittence.
Romain Lecornu’s works with sculpture, performance art, installations, photography and painting. This creative diversity allows him to question our dissociation of fiction and reality using oblique, metaphorical techniques. Past issues re-emerge through fiction, allowing us to challenge the present.
Forever switching from one state to another, flowing between morbid and reinvigorating moments, Romain Lecornu blends pagan rituals and low culture imagery in an effort to reveal persistent images, like blinking fireflies.
Prix : Lieu-Commun
Juliette Liautaud

Juliette Liautaud, Cactus noir, 2015
Par Laura Moulinoux
Agencements temporaires d’images fixes et en mouvement, fragments de réel qui ne sont ni histoire ni fiction, les compositions de Juliette Liautaud témoignent d’une expérience lyrique ayant souvent comme point de départ l’exploration volontaire ou la quête inattendue.
Une carpe dans une baignoire réduite à quelques écailles. En forêt, un ermite introuvable. La poursuite d’un film rare qui l’emmène vers son auteure. Assemblages lapidaires où la captation opère toujours aux frontières de l’invisible, les ensembles de photographies, les compositions sonores, les éditions et les vidéos cristallisent en un instant, fixé mais pas figé, un univers en fuite, des objets étranges et fantomatiques, aux cadrages décalés, et à la temporalité incertaine.
Juliette Liautaud’s compositions come from a lyrical background, based on both voluntary and unexpected explorations. A fish in a bathtub reduced to a handful of scales. A hermit in the woods that no one can find. The hunt for a rare film that leads back to the director. The series of photos, sound pieces, videos and prints become settled but never stationary, displaying a fleeting world full of strange, ghost-like objects. Everything is off-centre, the time frame is ambiguous.
Violaine Lochu

Violaine Lochu, Unnamed
Par Laura Moulinoux
Toujours à la recherche de langages sonores singuliers, Violaine Lochu conçoit ses pièces à partir d’échanges personnels ou collectifs. Dans la plupart de ses performances, elle utilise sa voix tel un moyen de transmission, afin de donner à entendre celle des autres. Superformer(s) travaille la question de l’héroïsme propre à chaque individu dans son quotidien. Le projet, accueilli par la Galerie / CAC de Noisy-le-Sec, s’est déployé sous forme d’ateliers avec les personnes fréquentant la Maison des Solidarités de Noisy-le-Sec. Durant 8 mois, Violaine Lochu a collecté les récits, gestes et réflexions des participant.e.s afin d’en constituer des pièces sonores, performances, vidéos et une édition.
Violaine Lochu is constantly on the lookout for singular and unusual means of expression. Her work is based on personal conversations. In most of her performances she uses her voice to transmit other people’s. Superformer(s) explores everyday acts of heroism. The project was hosted by the CAC gallery of Noisy-le-Sec and included various workshops with people from local community services. Violaine Lochu spent eight months gathering stories and accounts from the participants, building a project comprised of sound pieces, performances, videos and a book.
Prix : Galerie Municipale Jean Collet et Galerie Barbara Polla
Jordan Madlon

Jordan Madlon, Seing 03, 2016
Par Guilhem Morand
La peinture choisit sa matière, elle la dessine, elle la fait apparaître, advenir.
La forme de l’objet n’est pas une forme de l’évidence qui se laisse voir, désigner au simple regard. Il n’est ni simplement sculpture, ni simplement peinture. Il apporte dans l’espace d’exposition une réflexion sur la matière picturale et la matière sculpturale. La peinture n’est pas la matière qui se pose sur un support qui la précède. Elle n’est pas l’outil de décoration d’une matière. Elle est matière, en tant que telle elle crée son support, la matière devient plastique, elle crée la propre condition de son existence. Un mot est au centre de la création de Jordan Madlon, réflexive et esthétique : seing. Il désigne en ancien français, la signature, et révèle toute la richesse du signe, comme marque conceptuelle d’interprétation du signifiant de l’objet. Car la peinture ne recouvre pas une matière, elle ne crée pas son absence par un recouvrement. Elle définit les contours, elle devient le moule, par la couleur, par la forme. Elle révèle la matière, plus qu’elle ne la cache.
Painting chooses its own subject matter and makes it appear from nothing.
The shape of the object isn’t apparent on first sight. It is not merely sculpture, as it is not merely painting. It is an observation of painted and sculpted matter. Painting isn’t just substance on a canvas, and it isn’t just a tool used to decorate substance. Painting is substance itself, and as such creates its own canvas: substance becomes visible. Painting creates the condition for its own existence. One word is central to Jordan Madlon’s reflexive work: seing. The old french word for signature reveals the weight of the signifier as a conceptual interpretation of the object’s essence. Paint does not cover anything up, nor does it create absence by blanketing what once was. It defines the outlines, it becomes the mould through colour and through shape. Paint reveals substance more that it hides it.
Prix : Look and Listen
Oscar Malessène

Oscar Malessène, Sans titre, acrylique contreplaqué, 52 x 74 cm, 2016
Par Rémy Louchart
Quand vous rencontrez Oscar Malessène, vous pensez à un épisode des Chevaliers du Zodiaque, vers la deuxième année, quand les chevaliers de bronze combattent les chevaliers d’argent et n’y arrivent pas : ils prennent une “dérouillée”; à chaque fois et ils en sont vraiment réduits aux dernières extrémités. À ce moment-là, tout d’un coup, du ciel jaillissent trois jeunes gens : on dirait des adolescents, ils n’ont pas plus de 14-15 ans. Ils ont des sortes d’armures pas très impressionnantes, ce sont les chevaliers d’acier. Leurs armures ont été fabriquées par des chercheurs japonais pour venir en aide aux chevaliers de bronze, justement. Ils ont des sortes de manchons et, dans chaque manchon, il y a comme un petit ventilateur et, lorsqu’ils le mettent en marche, inexplicablement, cela envoie ”balader” les chevaliers d’argent que les chevaliers de bronze n’arrivaient pas à battre et la peinture d’Oscar Malessène, c’est exactement ça, c’est une peinture qui remet en ordre toute la peinture qui se trouve autour.
When you meet Oscar Malessène, an episode from Knights Of The Zodiac will come to mind. The anime had been on for about two years. It is when the Bronze Saints fight the Silver Saints and do not make it. They get the c*** beaten out of them every time and they really are in dire straits. That is when, all of a sudden, out of the sky spring three young men. It seems they are teenagers, not any older than 14 or 15. They are wearing some sort of not-too-mighty armours, they are the Steel Saints. The armours have been designed by Japanese scientists to come to the Bronze Saints’ rescue, so it happens. The armours have some sort of cuffs and, embedded in each one of these, there is some kind of mini electric fan which, when it is turned on, quite inexplicably sends packing the Silver Saints the Bronze Saints could not beat and Oscar Malessène’s paintings are just like that: they are paintings which put back in order all the painting that’s around them and which put back in order everything else, for that matter.
https://malessene.blogspot.com/
Prix : Art [] Collector
Manoela Medeiros

Manoela Medeiros, Instructions pour la construction d’une ruine, 2015
Par Guilhem Morand
L’univers de Manoela Medeiros nous place en contact avec des déchirures murales, le bâti s’imprègne des danses, du contact du corps. Cette rencontre charnelle crée une géographie, une recherche archéologique qui montre à voir l’essence de la surface, et son devenir. Elle anticipe son vieillissement, elle le détourne pour en faire une œuvre. La décomposition lente du temps devient l’occasion d’un travail sur la matière. La poussière, les fragments loin d’être abandonnés, ou cachés, sont ici exposés, rassemblés sur un châssis. La décomposition des espaces urbains est réinventée, pour devenir un tableau, une sculpture.
La contemplation de ses œuvres est une errance à travers les paysages abandonnés dont la poésie ne demandait qu’à être vu, révélée. Derrière le monde lisse et uniforme du mur blanc, du « white cube », c’est le monde des couches juxtaposées, des expériences qui s’accumulent, des traces de l’existence qui prennent vie.
Manoela Medeiros’s torn wall permeates its construction with dance and bodily contact. This carnal reunion creates a certain geography, an archaeological research that displays the surface’s essence and future. Anticipating and subverting its ageing process, it becomes a work of art. The decay of time is an excuse to explore matter itself. Dust and hidden fragments are exposed on a chassis. The decay of urban space is reinvented as a painting, as a sculpture.
Her work is an aimless cruise through abandoned landscapes, thus revealing their poetry. Behind the white cube’s smooth uniformity exists a world of many layers, of acquired experience, traces of an existence coming to life.
http://www.manoelamedeiros.com/
Prix : L’Architecture d’Aujourd’hui et Cabane Georgina
Nelly Monnier

Nelly Monnier, Bourg en Bresse, Luisant, 2016
Par Niccolo Moscatelli
Dans la peinture de Nelly Monnier, des bâtiments rigoureux se posent en silence sur des paysages auxquels ils n’appartiennent pas. Des traces de l’activité humaine s‘affichent au milieu d’une nature qui semble vouloir prendre le dessus sans jamais y parvenir. Loin du sentiment romantique des ruines, Nelly Monnier nous transporte dans le monde suspendu des zones périurbaines et rurales, où architecture et paysage cohabitent dans un étrange et familier équilibre. Dans un élan presque documentaire, Nelly cartographie ce monde de larges dépôts, bâtiments et HLMs d’une rigidité toujours décorée de signes abstraits. L’allure métaphysique de ces architectures hante ses grands formats figuratifs comme une présence fantomatique. En même temps, dans ses tableaux abstraits les signes recueillis au cours ses repérages forment le lexique abstrait de la communauté périurbaine.
In Nelly Monnier’s painting, severe buildings are placed upon unwilling landscapes. Traces of human activity appear in the middle of world in which nature is attempting, unsuccessfully, to prevails. Far from derelict romanticism, Nelly Monnier invites us to the suspended worlds of rurality and suburbia where architecture and nature coexist in a strange yet familiar harmony. Nelly maps this world made up of warehouses, yards and estates with a quasi-documentary, almost abstract rigidity. The ghostly appearance of these different architectures is revealed metaphysically in her large paintings. As a counter-point, her abstract work composes the vocabulary of suburban communities.
Prix : Lieu-Commun
Raphaël Moreira Gonçalves

Raphael Moreira Gonçalves, Ouch, 2016
Par Niccolo Moscatelli
Mêlant vidéo et sculpture, cinéma et réalité virtuelle, Raphaël Moreira Gonçalves arrive à construire des situations hybrides issues de bricolages technologiques, de métissages de médias. Son approche à la technologie est paradoxalement très manuelle et loin de l’aseptisation qu’on associe souvent au numérique. Ses créations ont un caractère très organique, parfois halluciné comme une rêverie de chair cybernétique.
Où se trouvent ses œuvres ? Quels espaces occupent-elles ? Réalité augmentée ou virtuelle, 2 dimensions, 3 dimensions, dimensions parallèles ; pour lui il ne s’agit plus de simples concepts. Il semble chercher dans ses pièces la substance de ces différentes réalités. À l’image des glitchs de son jeu-vidéo exposition Sfumato Memories, l’œuvre de Raphaël Moreira Gonçalves se fait fantomatique, et nous embarque dans une dimension qui est, finalement, toute spirituelle.
Mixing video, sculpture, cinema and virtual reality, Raphaël Moreira Gonçalves’ hybrid situations are based on technological handiwork and the media blending. His hands-on approach to technology hands-on contrasts with the sanitised vision we frequently have of digital technology. His creations bear aan organic quality, mirroring a fantasy of cybernetic flesh. Do his pieces inhabit an augmented or virtual reality? Two dimensions, three dimensions, parallel dimensions, these are no longer mere concepts to Raphaël Moreira Gonçalves, who pursues the substance of these various realities throughout his work. Just like the glitches from his video game exhibition Sfumato Memories, his ghostly work takes us on a journey to a dimension that turns out to be spiritual after all.
https://raphaelmoreiragoncalves.com/
Jean-Julien Ney

Jean-Julien Ney, Intervalle des arbres entre les arbres, 2014
Par Niccolo Moscatelli
Entre le volume de la sculpture et la planitude de l’image photographique, les installations hybrides de Jean-Julien Ney se matérialisent devant nous comme une interrogation. Si la peinture classique visait à donner une sensation tactile à travers la vision, Jean-Julien renverse ce rapport. Il cherche – par différents moyens – à déployer les fonctionnements de l’optique à l’intérieur de l’espace haptique. Dans sa « scénographie de la vision », des assemblages sculpturaux prennent forme par des procédés de moulage, de collecte et de copie. Ses constructions sont de véritables machines célibataires visant à projeter l’image de la fonctionnalité sans jamais vraiment l’atteindre. Entre outils et œuvres, elles nous placent à distance de l’image tout en la mettant en mouvement, mélangeant studio photographique, showroom et dispositif muséal.
Taking advantage of both sculpture’s volume and photography’s flatness, Jean-Julien Ney’s hybrid installations appear to us as an interrogation. If classical painting strived to create feeling through the sense of sight, Jean-Julien aims to turn this process on its head. Through different methods, he displays the functionalities of the optical system inside a physical space. Sculptures made from various moulds, accumulations and reproductions compose this “sight stage”. They are are veritable “celibate machines” that project the appearance of functionality without ever achieving it. At once tools and works of art, they remove us from the image while setting it in motion. The result is a mix between a photography studio, a showroom and a museum device.
http://www.40mcube.org/www/wp-content/files/generator_2017_jeanjulienney.pdf
Margot Pietri

Margot Pietri, À petits singes, Z doesn’t know, 2015
Par Paul-Antoine Parot
De la sculpture à l’écriture, Margot Pietri dépeint un paysage désolé et privé d’action. Les repères y sont altérés, les mesures inexactes. Les outils et objets du quotidien dont elle s’inspire pour fabriquer ses pièces ont perdu leurs fonctions et utilités.
Empreints d’imagerie populaire, ces objets énigmatiques sont les médiateurs d’histoires et de croyances où le spirituel côtoie la superstition. Les signes se répètent d’une sculpture à l’autre prenant une valeur d’indices et d’énigmes. Nous basculons dans un espace autarcique et figé où les sculptures faites de fibre de verre, de bois et de métal tissent des relations entre elles et avec nous.
Titres et textes qu’ils soient publiés, peints, projetés ou défilant dans des prompteurs, déplacent les sculptures vers un espace narratif. Les œuvres de Margot Pietri créent plusieurs niveaux de lecture à l’intérieur desquels l’autofiction opère une mise à distance. Par ce filtre elle sculpte réflexions quotidiennes et émotions.
In both her sculpture and her writing, Margot Pietri describes a desolate, motionless landscape. After altering landmarks and locators, measurements become inaccurate. Her work is made up of everyday tools and objects that have lost their original function and utility.
Evoking popular imagery, these enigmatic objects start telling stories of spirituality and superstition. Symbols are repeated from one sculpture to the next, forming a series of clues and riddles. We are introduced to a self-contained, motionless space where sculptures made of fibreglass, wood and metal connect with each other and with the audience.
Whether they are published, painted, projected or displayed on a prompter, Pietri’s titles and texts a narrative content to her sculptures. Her work contains many levels of interpretation in which autofiction allows for a certain detachment, thus allowing her to tackle everyday questions and emotions.
Laura Porter

Laura Porter, Bust, 2016
Par Lydie Blanc
Articulant différents types de matériaux (synthétiques, alimentaires et végétaux) où s’insèrent parfois des objets artisanaux ou manufacturés, le travail de Laura Porter interroge les moyens de production de la valeur. Œuvrant principalement au sol qu’elle envisage comme un écran, l’artiste met à plat ces éléments pour se réapproprier leurs symboles. Cette organisation sémantique se traduit ainsi au sein de compositions plastiques aussi rigoureuses qu’étranges, formant de petites économies technologiques et nutritionnelles. Ses sculptures et installations, s’imposent alors à nous tels des systèmes en train de s’animer, produisant quelque chose d’insondable. En y regardant de près, ces dernières se répondent entre elles par l’introduction et la répétition de certains fragments, constituant ainsi la trame d’une œuvre protéiforme.
By using different types of handmade and mass-produced materials (synthetics, food products and plants), Laura Porter’s work questions our means of producing wealth. By using the floor as a screen, the artist lays out her elements so as to recapture their symbols. This semantic organisation becomes apparent in her rigorous, if strange, compositions that make up little technological and nutritional reserves. Her sculptures and installations become animated systems that produce something unfathomable. The sculptures communicate with each other through the introduction and repetition of certain elements, forming a versatile body of work.
Prix : Plateau Urbain
David Posth-Kohler

David Posth Kohler, Cérémonie, 2016
Par Paul-Antoine Parot
La multiplicité des points de vue et les positionnements dans les strates sociales dialoguent en permanence dans les sculptures de David Posth-Kohler, sans cesse nourries par des recherches de formes et d’histoires par sa pratique photographique.
La nature de ses pièces et le mélange des cultures sont un écho au phénomène de la globalisation qui nous touche. Il y explore nos attachements à ces objets communs en déplaçant leur fonction initiale, vers une fonction poétique ouvrant à la réflexion. Dans le cadre de cette nouvelle sculpture réalisée pour l’exposition, son jeu d’ethnologue habituel prend du recul afin de se remettre en question sur ce sujet. Cette installation entre volumes abstraits, météore et architecture, devient l’allégorie de l’introspection du corps et des volumes dans leur environnement.
David Posth-Kohler’s sculptures represent an ongoing dialogue between different viewpoints and social statuses. His photography research is a constant study of shapes and stories. His multicultural work reflects modern day globalisation and explores our bond with everyday objects by shifting their initial function towards a more thought-provoking, poetic one.
David Posth-Kohler is questioning his customary ethnologist stance in this sculpture. Abstract shapes, meteors and architecture intertwine in an allegorical introspection conducted by bodies and moulds in their respective environments.
https://davidposthkohler.tumblr.com
Félix Ramon

Felix Ramon, PostApo, 2016
Par Léa Perier
Dans son travail plastique, Félix Ramon s’intéresse aux relations humaines dans le monde actuel ; comment vivre ensemble ? Il opère une relecture de la société en utilisant les raccourcis des simulateurs de vie des jeux vidéo ; simpliste et manichéen. Entre critique et fascination, il observe comment la machine imprègne l’homme et participe à un changement futur. L’installation présentée suggère ces problématiques. Depuis un échafaudage rappelant la fragilité des fondations sociétales, est projetée une cartographie relationnelle aux mouvements incertains.
Félix Ramon’s work explores human relationships in the present world. How do we live together? He offers a new interpretation of society by using shortcuts from life simulation video games, which are usually simplistic and hyperbolic. He observes the influence machines have over people, and the part they play in shaping the future, with both criticism and fascination. His present installation further examines these questions. A relational map is projected from the top of a scaffolding that echoes the fragility of society’s foundations.
Prix : Jennifer Flay
Octave Rimbert-Rivière

Octave Rimbert Riviere, Hardcore Vercors, 2016
Par Alicia Reymond
Octave Rimbert-Rivière expérimente certaines techniques artisanales de la sculpture, process au cours duquel les accidents de parcours s’invitent : les objets et matériaux sont donc déformés, transfigurés par leur mise en forme.
De ces sculptures hybrides – entre folklore et futurisme – affleure ainsi quelque chose de l’ordre à la fois du familier et de l’indéfinissable. Dans l’excès visuel et matériel, ces formes à la fois humoristiques et étranges dépassent les objets qui les inspirent, brouillant nos références afin d’offrir aux sculptures leur propre temps et leur propre histoire. Le kitsch de ces objets augmentés de couleurs et de formes exubérantes est revendiqué, afin de mettre en exergue l’artificialité et la superficialité de ces sculptures vides, sans aucune densité, qui se définissent uniquement par leurs surfaces surchargées.
Octave Rimbert-Rivière experiments with a number of traditional sculpture techniques. She includes any accidents that may happen along the way: objects and materials become deformed through their own creation process. Mixing folklore and futurism, these hybrid sculptures appear both familiar and enigmatic. The exuberant nature of these comical, if curious shapes transcends the objects that inspired them, granting the sculptures their own presence and their own history. Meanwhile, the enthusiastic shapes and colours confers them an unashamedly kitsch disposition, which highlights the artificiality and superficiality of these empty sculptures. They end up being defined solely by their overloaded surfaces.
http://www.octaverimbertriviere.com
Prix : Fugitif
Camille Rosa

Camille Rosa, Nez jaune, nez rouge, nez bleu, 2016
Par Léa Perier
Camille Rosa associe l’espace d’exposition à une scène de théâtre, un véritable dispositif de création où ses œuvres prennent forme. Ses sculptures suggèrent une manipulation et aspirent à prendre vie. Comme un prolongement du corps sensoriel, elles sont suspendues à cette potentialité jamais réalisée. Ses dessins prennent le relais de la narration : personnages masqués, dénudés et difformes dansent et enrobent l’espace dans de mystérieuses saynètes chatoyantes, mêlant mythes et divinités. Les corps hybrides dépeints, mi-humain mi-animal, évoquent un Ramayana réactualisé. Ils mettent en jeu le geste et le rite, tout en rappelant les triptyques fantastiques de Jérôme Bosch. Ces micros narrations colorées proposent une scénographie dans la continuité de ses sculptures faisant décor.
Camille Rosa approaches her exhibition space as she would a theatre stage: as a creative device where her work takes shape. Her sculptures are waiting to be touched, aspiring to come alive. As extensions of the body, they are sentenced to their own hidden potential. Her drawings of masked, deformed and naked characters blanket the room in mysterious scenes that blend mythology and divinity. These half human, half animal hybrids evoke an updated Ramayana. Their gestures and rites remind us of the phantasmagoria of Hieronymus Bosch’s triptychs. This series of colourful micro-narratives offers a stage with her sculptures becoming the backdrop.
Prix : La Cave/Le Filaf et Orange Rouge
Raphaël Rossi

Raphael Rossi, Salon, 2014
Par Léa Perier
Ses œuvres sont un exercice perceptif. Accrochées au mur comme une peinture pour capter le regard, elles imposent le recours à l’imaginaire. Comment perçoit-on une forme informe ? Le regard incapable de s’identifier devant l’approximation des volumes peut leur assigner une signification ou se laisser vagabonder. Bâties d’abord à partir d’une structure en métal servant de contenant, Raphaël Rossi s’adonne ensuite à un jeu de volume dans lequel un matériau plus souple utilise sa plasticité pour prendre possession de l’espace imparti. Les matériaux forment un rythme harmonieux autour d’une diversité d’échelle de transparence et de densité. Raphaël Rossi complète son langage artistique par l’utilisation des mots : il publie des textes sur une plateforme collaborative qui viennent ajouter de l’information à ses formes (www.romaine.co).
His artwork is a perceptual exercise. Hung on the wall like paintings to grab our attention, they compel us to use our imagination. How do we perceive a formless shape? The inaccurate, approximate silhouettes reject any clear identification. We may only wander, guessing at explanations. Raphaël Rossi’s sculptures are built around metal containers, and include more malleable materials to create a playful contrast and use the space to its fullest. The different materials form a harmonious rhythm of varying density and transparency. Raphaël Rossi completes his artistic palette with text: He publishes further explanations of his sculptures on the collaborative website www.romaine.co.
Salut c’est cool

Salut c’est cool, Les Indes galantes, 2017
Par Alicia Reymond
Salut c’est cool c’est quatre amis – James, Louis, Martin et Vadim– qui se font connaître à partir de 2010 par leurs concerts électro-punks joyeusement désinvoltes et leurs vidéos sur Internet frisant l’amateurisme béat. Leur site internet tentaculaire, nous invite à nous perdre dans les méandres de leurs expérimentations, très éloignées de la mouvance de l’art contemporain.
Salut c’est cool a mué depuis de tribu sympathique à collectif d’artistes, qui sous couvert de revendications libertaires faussement naïves, décloisonne les frontières entre l’art et la vie, le réel et le virtuel, les communautés établies et les pratiques culturelles.
Salut c’est cool are four friends – James, Louis, Martin et Vadim– famed since 2010 for their gleefully offhand electro-punk concerts and their almost blissfully amateur online videos. Their sprawling website invites us to lose ourselves in the meanders of their experiments, far from mainstream contemporary art.
Salut c’est cool has shed its skin from friendly tribe to artist collective, that, under the guise of falsely naive libertarian claims, breaks the barriers between art and life, between what is real and virtual, between established communities and cultural practices.
Prix : Galerie 22,48 m², Canal Pantin et le Pavillon Pantin
Ludovic Sauvage

Ludovic Sauvage, Vers l’ouest
Par Alicia Reymond
À la croisée des techniques, la pratique de Ludovic Sauvage s’inscrit dans une réflexion sur la portée et la force d’évocation de l’image – qu’il décline au travers des supports qui l’accueillent – ainsi que sur sa disparition et son potentiel d’émancipation. Comment faire voyager ailleurs ces images fantômes qui découlent de ses projections et de ses installations ?
Possible translation de la projection à l’écran, il expérimente dernièrement le champ de l’impression textile comme une étape dans sa recherche : l’image devient écran et l’écran objet de l’ordre du domestique, du mobilier ou de l’habillement. Ces gestes minimaux – couper, copier, coller – donnent une nouvelle réalité aux images qu’ils collectent et qui, venant d’un champ plus intime, font dès lors partie intégrante d’un décor. L’image et le spectateur sont alors libres d’exister l’un sans l’autre.
Ludovic Sauvage’s eclectic work studies the power of images, their disappearance and eventual emancipation. How does one help the ghostly images of his projections and installations to navigate? By translating the projection to the screen, his recent research includes experiments with textile print, where the image becomes the screen and the screen becomes an everyday object like clothing or decoration. These minimal gestures – cutting, copying, pasting – grant the images a new reality, allowing them to become part of an intimate backdrop. The image and the viewer are free to exist without one another.
Quentin Spohn

Quentin Spohn, Sans titre 5, 2016
Par Isabelle Smadja
De sa vision du monde et de notre société Quentin Spohn nous livre un regard noir, à l’image de la pierre qu’il privilégie dans son travail. Et pourtant, étrangement, sans noirceur.
Le sens du détail, les circonvolutions qui envahissent ses dessins monumentaux nous donnent l’impression de traverser Le Jardin des délices de Jérôme Bosch pour atterrir dans quelque illustration de Mad Magazine. Peut-être dans l’héritage d’un George Grosz, ou d’un Otto Dix, l’artiste trouve-t-il les moyens de mettre en scène ses propres obsessions et d’y faire face – sans sombrer – tels les naufragés hybrides du radeau qu’il a présenté à Nice en 2013, dans l’exposition « Le sens de la vague » à la Villa Arson.
Quentin Spohn flirte avec un réalisme magique qui lui permet d’affronter ses angoisses existentielles et à travers son œuvre, d’en déchiffrer les mystères.
Quentin Spohn’s us world view is as dark as the stone he works with. His monumental drawings are embedded with tiny details, as if Hieronymus Bosch’s Garden of Earthly Delights took a short cut through an illustration out of Mad Magazine. Channelling the heritage of George Grosz and Otto Dix, Spohn hopes to tackle his own obsessions by depicting them in his work, such as the mutant shipwreck victims he presented at the Villa Arson (Nice) for the exhibition « Le Sens de la vague » in 2013.
Quentin Spohn’s work is tinged with a certain magical realism that allows him to face his existential angst, and hopefully come to understand its mysteries.
http://documentsdartistes.org/artistes/spohn/repro.html
Prix : Art [] Collector, La Cave/Le Filaf et Jennifer Flay
Melchior Tersen

Melchior Tersen, Attila, 2011
Par Isabelle Smadja
Autodidacte, Melchior Tersen est avant tout un photographe de terrain. Ce fan de musique métal mais aussi de rap, de cinéma, de manga ou de foot, aime s’immerger et se confronter à des univers cash, parfois extrêmes. Il fait ses premières armes à la sortie de concerts ou à des avant-premières de films avec un petit appareil compact qui ne le quitte pas. Des instants pris sur le vif, au milieu de la foule du Hellfest. L’attitude des fans en concert, les looks, les tatouages, tout cela a laissé sa marque sur le travail de cet artiste qui arpente des microcosmes pour mieux en appréhender les fascinations et les codes.
D’une sensibilité exacerbée, Melchior Tersen partage la communion de ses modèles autour d’une même passion, il perçoit leurs exaltations et leurs blessures qui s’expriment dans la spontanéité et l’intensité de ses clichés.
Melchior Tersen is a self-taught photographer. A fan of heavy metal, rap, cinema, manga and football, he enjoys rubbing shoulders with aggressive, even extreme subcultures. He started by hanging out at concerts and movie premiers with a small handheld camera. The crowd at Hellfest provides great candid material. His work is informed by the attitudes, fashions and tattoos of concert crowds, and by integrating these cultural microcosms he is able to explore their codes, their power of attraction.
Melchior Tersen’s communion with his models stems from a shared passion, and his sensitivity helps bring to light their vulnerabilities as well as their exaltations, revealing them in his spontaneous, intense pictures.
Maxime Thoreau

Maxime Thoreau, Château de sable, 2013
Par Livia Tarsia In Curia
Maxime Thoreau est un artiste aux préoccupations éminemment sculpturales. Le corps de sa recherche formelle convoque tant l’environnement industriel que cinématographique. Ces deux milieux de conquête deviennent le point de départ d’un travail consciencieux, où l’essentiel de la forme obtenue émane uniquement de sa fonction d’origine. Dans ce geste froid il devient malgré lui l’artisan d’une contre beauté.
À y songer ses sculptures incarnent une dimension spatio-temporelle brouillant la perception du réel. C’est en convertissant l’infiniment petit en des pièces volumétriques et colossales que leurs apparences semblent chargées d’une fonction fictionnelle. Maxime Thoreau, dont l’œuvre est imposante et singulière, élabore méthodiquement et obsessionnellement, dans une confrontation de matériaux nobles et de matériaux bruts, ici chêne et béton.
Maxime Thoreau is interested in sculpture as an art form. His formal research calls to mind both cinema and industry. These two fields are the starting points of a conscientious body of work in which a form’s essence is derived rom its original function. Despite his detachment, he produces a certain anti-beauty.
His sculptures question our perception of reality – by converting the infinitely small into huge volumes, they seem endowed with an imaginary purpose. Maxime Thoreau’s singular, imposing work confronts noble and rough materials, forming a methodical and obsessive iteration.
http://maxime.thoreau.syntone.org
Prix : Jennifer Flay, Galerie du Haut-Pavé et Lieux-Communs
Guillaume Valenti

Guillaume Valenti, Grille n°2, 2017
Par Amélie Bouxin
Guillaume Valenti nous plonge dans des vues d’exposition, au travers de la peinture. En partant de documents trouvés ou personnels, il nous transporte au cœur d’espaces d’expositions actuelles. Entre dimension documentaire et fictionnelle, l’artiste nous livre une architecture industrielle, où les matériaux mettent en avant des textures et des reflets.
À la recherche d’un point d’équilibre entre l’espace d’exposition réel et l’objet qu’il y représente, ce dernier se doit d’être suffisamment évocateur, sans néanmoins prendre trop d’importance. L’idée d’harmonie se dégage de ses œuvres, où tout est égal, où la lumière unifie la matière. La particularité de sa peinture tient de son réalisme, mais surtout de la projection mentale et physique produite par ces images.
Guillaume Valenti’s paintings turn exhibition spaces into landscapes. Recovered personal documents act as a link to current exhibition spaces. Bridging the gap between documentary and fiction, the industrial architecture on display emphasises the materials’ textures and reflections.
To maintain harmony, the represented object must be sufficiently evocative without overbearing the exhibition space itself. His work thus creates a delicate balance in which all things are equal and in which all substance is binded by light. His paintings strike us by their realism, but also the mental and physical projections they provoke in the viewer.
http://www.mathilde-expose.com/guillaumevalenti
Prix : Marin Beaux-Arts
Anaïs Volpé

Anais Volpé, Mur des Souvenirs, 2016
Par Livia Tarsia In Curia
Le projet _heis fondé en 2015 par Anaïs Volpé, s’articule autour d’un long métrage, d’une série et d’une installation : Heis (sur le mur).
Au moyen de matériaux numériques, sonores et plastiques, ce dernier volet du projet établit une mosaïque artisanale du film où abondent collages hybrides, cadres, vidéos en boucle, TVs cathodiques et K7 VHS. Sur ce mur foisonnant se répète inlassablement un message vibrant qui illustre l’universalité des difficultés économiques et sociales émaillant la société d’aujourd’hui. Heis (sur le mur) oscillant entre fiction et réalité, raconte l’histoire d’une génération nostalgique et précaire, en explorant le combat ordinaire d’une jeunesse en quête d’épanouissement et d’espoir.
The _heis project was initiated by Anaïs Volpé in 2015 and centres around a full-length film, a series and an installation: Heis (sur le mur – on the wall).
The installation incorporates digital, audio and visual media in a handmade mosaic of collages, frames, looped videos, tube TVs and VHS tapes. The overloaded wall repeats a message that illustrates the universality of today’s economic and social difficulties. Between reality and fiction, Heis (sur le mur) tells the story of a generation defined by instability and nostalgia, bringing to light its struggle for hope and fulfilment.
Lucy Watts

Lucy Watts, Cyanotypes, 2016
Par Farah Tounkara
L’artiste propose un Abécédaire de la propagande, une série de vingt-six affiches qui s’articule autour de dessins qui abordent le thème de la propagande en temps de paix. Opérant une cohabitation entre le texte et l’image, l’édition au sens large est très importante dans le travail de l’artiste. C’est un ouvrage de référence qui a inspiré la réalisation de son Abécédaire : Propaganda, comment manipuler l’opinion en démocratie, d’Edward Bernays, publié en 1928. Lucy Watts rappelle ainsi l’histoire des affiches publicitaires, développées en même temps que l’essor de l’imprimerie et soulève une certaine critique de la société de consommation dans laquelle nous évoluons.
Lucy Watts’ Abécédaire de la propagande (A to Z of propaganda) is a series of twenty-six posters that analyse peace-time propaganda. Her work revolves around the conjunction of words and images, and is informed by the history of print-making. The inspiration for this particular piece was Edward Bernays’ 1928 essay, Propaganda. By exploring the rapid expansion of advertising posters and the correlation with advanced printing techniques, Lucy Watts presents an effective criticism of modern day consumerism.
Prix : under construction gallery
Joon-young Yoo

Joon-Young YOO, Une sculpture qui se complète avec le vent, 2015
Par Farah Tounkara
Une sculpture qui se complète avec le vent, nous fait voyager et découvrir un monde où le temps passé ressuscite, où l’abstraction est reine et où la contemplation peut nous mener vers un état méditatif. Joonyoung Yoo nous propose des sculptures mouvantes en soie. Le grammage d’une extrême finesse, donne sa brillance, sa légèreté et sa transparence à la sculpture. Une apparente simplicité semble mise en avant, tout à fait éloigné de la complexité de la technique utilisée. Le tissage traditionnel coréen utilisé par l’artiste, nous rappelle le travail du styliste que Joon-young Yoo exerçait auparavant.
Joon-young Yoo draws us into a world where the past comes to life, where abstraction rules and contemplation encourages us to meditate. Her mobile sculptures are assembled from fine silk that highlights their brightness, delicacy and transparency. The contrast between the shapes’ simplicity and the intricacy of traditional Korean weaving techniques recalls the artist’s background in the world of fashion.
Prix : Jennifer Flay